Regards sur la vieillesse
Parmi les interrogations qui reviennent au cours de ces entretiens, il y a celle de la vieillesse. Elle se pose généralement en ces termes:
ARTICLE- VIEILLESSE
11/23/2024


Parmi les interrogations qui reviennent au cours de ces entretiens, il y a celle de la vieillesse. Elle se pose généralement en ces termes : « Avec quels moyens je vivrai, puisque ma retraite n’est pas conséquente », « je crains la solitude », « je ne comprends pas la manière dont les choses ont évolué »… Ce sont des questions qui évoquent autant la place des personnes âgées dans notre société que leur souhait de rester actif ou leurs préoccupations quant à leurs moyens de subsistance.
Une place dans la société
Les regards portés sur la vieillesse, au cours des échanges, sont généralement ceux de personnes qui ont passé les cinquante ans, de celles qui sont retraitées ou de personnes ou de personnes plus jeunes confrontées au vieillissement de leurs parents.
Certains évoquent parfois avec nostalgie un temps où elles trouvaient que la vieillesse était synonyme de respect, cependant, ce qui ressort surtout, c’est, d’une part, le poids des préjugés. Marc, 72 ans, a confié qu’il avait parfois l’impression d’être considéré comme une « page tournée ». « Dès qu’on atteint un certain âge, on te colle l’étiquette du passé. Comme si tu n’avais plus rien à dire ou comme si tes idées étaient forcément dépassées. » Selon lui, les plus jeunes écoutent rarement son avis sur des sujets d’actualité.
D’autre part, ces personnes donnent l’impression d’une richesse sous-estimée. Marie-Claire, 68 ans, a fait part de sa frustration face à une société qui, selon elle, oublie ce que peuvent apporter les seniors. « On parle beaucoup de transmission, mais dans la réalité, les jeunes n’ont pas toujours le temps ou l’envie d’apprendre de nous. C’est dommage, parce qu’on a vécu tellement de choses. On a vu le monde changer, on peut apporter un regard différent. »
Enfin, c’est aussi ce regard sur la vieillesse qui transpire quand Georges, 81 ans, veuf depuis cinq ans, a évoqué avec émotion l’isolement. « Quand ma femme est partie, j’ai découvert ce que veut dire, la solitude. Tu te réveilles, et la maison est silencieuse. Les journées sont longues si tu n’as pas d’activité ou de visite. Ce n’est pas qu’on te considère mal. C’est pire, on t’oublie, on t’enterre vivant!
Toutes ces personnes aimeraient que le regard sur leur âge soit différent. Leurs propos traduisent surtout une richesse qui ne demande qu’à être partagée. Marc le dit en ces termes : « Ce n’est pas parce qu’on a des cheveux blancs qu’on doit être mis sur la touche. Vieillir, c’est continuer d’exister, avec tout ce qu’on est et tout ce qu’on peut donner. » Néanmoins, on rencontre des personnes qui ne se posent pas de questions et qui sont tout simplement dans la continuité et partagent savoirs et expériences.
Rester actif
D’autres personnes ont aussi confié leur souci de rester actifs ou leur regret de ne plus être en mesure de le faire. Mais tous voient l’activité comme clé de la vitalité. André, 76 ans, est un fervent adepte de la marche. Il n’a jamais été un grand sportif, mais avec l’âge, il dit avoir compris que rester immobile, c’était se « condamner à vieillir plus vite. » Il rapporte qu’il marche trois fois par semaine avec un groupe d’amis. « On papote, on rigole, et mine de rien, on fait nos kilomètres ! » Il est convaincu que ces sorties lui ont permis d’éviter bien des problèmes de santé.
En-dehors de l’exercice physique c’est aussi le souci de rester actifs en contribuant à la société que l’on entend. Annie, ancienne infirmière, a trouvé un nouvel élan en participant à des projets solidaires. « Je vais régulièrement dans des écoles pour parler de mon métier. Les enfants posent des questions et ça me donne de l’énergie. On peut être utile à tout âge. »
Marie-Thérèse, 80 ans, parle avec passion de son jardin potager. « Cultiver mes légumes, c’est un double avantage : je reste active physiquement, et je mange sainement. » Elle montre toujours avec fierté ses légumes. « Je fais attention à ne pas trop manger de sucre ou de graisses. Avec une soupe maison, je me sens légère et pleine d’énergie.» Selon elle, cette alimentation joue un rôle crucial dans le maintien de sa vitalité.
Évidemment, toutes les personnes âgées, ne sont pas aussi actives qu’elles le souhaiteraient pour des raisons diverses. Néanmoins, elles expriment l’envie d’interagir avec les autres. L’un des aspects les plus frappants de ces témoignages est l’importance des liens sociaux dans leur capacité à rester actifs. Par exemple, Claire, 73 ans, trouve que les activités collectives lui donnent un cadre et une régularité.
En fait, ces personnes partagent une philosophie commune, celle de ne pas se laisser aller. Leurs récits rappellent que rester actif malgré la vieillesse nécessite un effort quotidien, et parfois, une belle dose d’ingéniosité.




Vivre ou survivre
Parmi les questions liées à la vieillesse, on entend, une réalité : beaucoup peinent à vivre avec des pensions modestes, des factures qui grimpent et des dépenses imprévues. Leur quotidien est marqué par les restrictions.
Madeleine, 74 ans, vit seule dans sa maison. Avec sa « maigre » retraite, elle n’a pas de marge. Entre le loyer, les charges et les courses, il ne reste rien. Elle ne veut pas être un fardeau pour ses enfants. Alors elle « serre les dents. » Elle explique combien aujourd’hui, les imprévus l’effraient. Pour elle, une fuite d’eau, un appareil qui tombe en panne et « c’est l’angoisse. »
Jacqueline, 68 ans, a travaillé toute sa vie comme employée de maison. Sa retraite ne lui permet pas de souffler. « Je ne m’en sors pas. » Elle explique qu’elle a appris à cuisiner des plats simples et peu coûteux. « Si on me donne un fruit-à-pain, par exemple, je suis contente. J’essaie de manger équilibré, mais ce n’est pas évident »
Michel, pour sa part, 78 ans, ressent une certaine amertume : il a cotisé toute sa vie, mais aujourd’hui, il doit se battre pour « ce qui devrait être un droit. » Il pointe les augmentations de prix, les faibles revalorisations des pensions, et le peu d’attention portée aux plus modestes. « On nous dit de faire attention à notre santé, mais comment manger sainement ou s’offrir des soins quand tout coûte si cher ? »
Leurs propos traduisent une lutte quotidienne. Elles ont le sentiment de parvenir « On se débrouille, on fait avec, mais parfois, on aimerait juste vivre, pas seulement survivre. »
En conclusion
Ainsi, quand mes interlocuteurs évoquent la vieillesse (la leur ou celle des autres), ils dévoilent une infinité de configurations, de situations de vies, d’expériences, de souhaits, de rêves, de quotidiens… Ils rappellent combien chacun vieillit différemment et combien cette diversité peut nécessiter des approches personnalisées et adaptables autant en matière de santé que d’alimentation ou de vie sociale.
