L'intelligence artificielle : un catalyseur pour la réflexion?

L'intelligence artificielle suscite de nombreuses inquiétudes liées à la perte d'emploi, à son impact sur la vie privée, aux questions éthiques et plus encore

ARTICLE I.A.

7/27/20244 min read

L'intelligence artificielle suscite de nombreuses inquiétudes liées à la perte d'emploi, à son impact sur la vie privée, aux questions éthiques et plus encore. Elle nous oblige à nous interroger sur nos valeurs, nos comportements. N’est-elle pas aussi un puissant moteur pour stimuler la créativité et l'exploration de domaines nouveaux ?

De nombreux challenges

La peur causée par l'intelligence artificielle suscite de nombreuses discussions parmi les experts, les chercheurs, les politiciens, et le grand public. Les arguments portent généralement en premier lieu sur sa capacité à remplacer de nombreux emplois, en particulier ceux qui impliquent des tâches répétitives et routinières. On craint parfois aussi qu’elle ne déshumanise des relations et que la délégation de décisions importantes à des algorithmes ne pose des problèmes éthiques, surtout si ces décisions affectent des vies humaines (dans la justice, la santé, etc.). On met parfois aussi en avant la menace qu’elle pourrait constituer pour le respect de la vie privée et des libertés civiles puisqu’elle peut être utilisée pour surveiller les populations. On entend également que L'IA peut exacerber les inégalités sociales si ses bénéfices sont concentrés entre les mains de quelques individus ou entreprises.

Au fond, la peur de l'I.A. est fondée sur des préoccupations légitimes concernant l'impact social, économique, et éthique de cette technologie. Néanmoins, cette révolution, bien qu'inévitablement accompagnée de défis et de pertes, est aussi un moment de transformation. Elle pousse les individus, les entreprises et les sociétés à innover, à s’interroger et à développer de nouvelles approches pour surmonter les obstacles et peut nous inciter à repenser nos modèles économiques, à innover nos approches politiques, économiques… Elle pose autant des défis d’ordre technique, éthique, social légal, qu’énergétiques puisque les infrastructures et centres de données qui hébergent les serveurs nécessaires pour exécuter et entraîner ces modèles consomment beaucoup d'énergie afin d’éviter la surchauffe des équipements.

L’I.A. promet même de nous défier sur le champ des émotions, puisqu’elle peut les décrypter, les imiter ou les simuler. Elle est à même de les reproduire en suivant des algorithmes programmés et analyser le contexte d’une conversation et le ton d’un texte pour ajuster sa réponse. Elle peut détecter des indices émotionnels dans les mots utilisés, les structures de phrases, et les expressions. Aujourd’hui, GPT-4, peut générer des réponses qui semblent émotionnelles et répondre avec des phrases qui expriment de la joie, de la tristesse, de la colère.

On craint aussi le manque de transparence. Les algorithmes complexes de l'I.A., notamment ceux basés sur l'apprentissage profond, peuvent être opaques et difficiles à comprendre, même pour les experts. Les utilisateurs peuvent ne pas comprendre comment ou pourquoi une I.A. a pris une décision. En outre, les systèmes d'I.A. sont vulnérables aux cyberattaques et aux manipulations de données. Leur utilisation malveillante peut compromettre la confidentialité des données personnelles, conduire à une désinformation et semer la confusion dans la société.

Souvent, l'éventualité de la surveillance de masse ou du contrôle social inquiète puisque les gouvernements peuvent utiliser l'IA à cet effet, ce qui peut conduire à des violations des droits de l'homme.

Néanmoins, n’est-ce pas l’occasion d’ouvrir des champs de réflexion nouveaux parfois même induits par la présence des technologies nouvelles et de l’intelligence artificielle ?

Des champs nouveaux

On sait aujourd’hui que l'intelligence artificielle a un impact significatif et positif sur de nombreux aspects de notre quotidien. En termes de Santé par exemple, elle aide au diagnostic et au traitement de certaines maladies, dans la lecture des radiographies et bien d’autres choses encore. Cependant, vu que l’I.A. nous oblige, nous humains, à toujours nous remettre en question, des nouvelles problématiques, des nouveaux champs de réflexion naissent sur des questions fondamentales nous concernant et eux aussi devront constamment s’adapter pour tenter de rattraper une intelligence artificielle dont le propre est d’être constamment en mouvement, en construction.

Ainsi, des recherches en politiques publiques auront toujours à proposer des cadres de régulation en vue de protéger les droits des citoyens et prévenir les abus potentiels. Le droit de la technologie devra, lui aussi, encore évoluer pour intégrer les nouvelles réalités créées par l'I.A. Des études économiques auront à explorer les effets de l'automatisation sur le marché du travail, sur les inégalités sociales, et sur la répartition des richesses. Il s’agit déjà notamment de comprendre comment les emplois de service et de production sont transformés par l'I.A., et quelles mesures peuvent être prises pour atténuer les impacts négatifs sur les travailleurs. Il sera encore nécessaire de comprendre l'impact de l’I.A. sur la psychologie humaine et offrir des perspectives critiques et des solutions pour s'assurer qu’elle respecte les valeurs humaines. Il faut encore comprendre ses implications profondes sur la société. L'éthique et la philosophie, pour leur part, examinent depuis longtemps les questions morales soulevées par l'IA et son impact sur les valeurs humaines. L’anthropologie, pour sa part, a encore à explorer comment elle modifie nos comportements, nos pratiques et nos liens sociaux.

De même des approches interdisciplinaires sont indispensables pour s’assurer que les avancées technologiques bénéficient à l'ensemble de la société et limiter les dérives. C’est, en fait, l’occasion d’étendre la réflexion et notamment de fournir des perspectives importantes sur les impacts innombrables de l’I.A. Les problématiques et perspectives semblent infinies, car elles nous obligent, au fond, à nous redemander ce qui fait de nous des humains. Paradoxalement, elle nous renvoie à nous-mêmes et pose des questions liées à la vie, à la mort, la maladie, la justice, l’art…