La mulâtresse Solitude

"La mulâtresse Solitude, venue de la Pointe-à-Pitre à la Basse-Terre, était alors dans le camp de Palerme. Elle laissait éclater dans toutes les occasions sa haine et sa fureur. Elle avait des lapins. L'un d'eux s'étant échappé, elle s'arme d'une broche, court, le perce, le lève et le présentant aux prisonnières: "Tiens, dit-elle, en mêlant à ses paroles les épithètes les plus injurieuses, voilà comment je vais vous traiter quand il en sera temps!" Et cette malheureuse allait devenir mère! Solitude n'abandonna pas les rebelles et resta près d'eux comme leur mauvais génie pour les exciter aux plus grands forfaits. Arrêtée enfin au milieu d'une bande d'insurgés, elle fut condamnée à mort. Mais on dû surseoir à l'exécution de la sentence. Elle fut suppliciée le 29 novembre, après sa délivrance."

Extrait de:  Lacour Auguste, Histoire de la Guadeloupe 1798 à 1803, tome 3, page 311, Impr. du gouvernement; Basse-Terre (Guadeloupe), 1837-1858 . https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56469h/f323.item.zoom

On sait donc qu’elle s’est illustrée en chef de lutte aux côtés de Delgrès, en 1802, après le rétablissement de l'esclavage par Napoléon. Capturée alors qu’elle était enceinte, elle est condamnée à mort et exécutée le 29 novembre 1802 au lendemain de son accouchement.

Le  reste repose davantage sur la littérature (en plus précisément sur le roman de André Schwarz-Bart), sur le bouche à oreille ainsi que sur l’imaginaire collectif. Elle se nommerait Rosalie, et serait née du viol d’une esclave sur un bateau négrier par un marin. Pour autant, nul ne dit que des éléments ne seront un jour découverts pour venir conforter le récit collectif.

Les informations historiques disponibles à propos de la mulâtresse Solitude sont celles rapportées par l’historien Auguste Lacour:

Des rues portent son nom à Basse-Terre, Gourbeyre, Abymes, Pointe-Noire, Ivry-sur-Seine... Sa statue est érigée en 1999 au Boulevard des Héros à Baimbridge, haut lieu de rébellion. Solitude y est représentée à échelle humaine. Ses mains sur ses hanches ainsi que sa tête haute disent sa détermination. enceinte au plus fort des combats. Ce physique de femme enceinte la rend porteuse de vie et d’espoir. De manière générale, la mulâtresse Solitude incarne la place les femmes dans les luttes contre l’esclavage. Une statue de la mulâtresse Solitude est aussi installée au Sénat en 2014, ce qui témoigne de la volonté des pouvoirs public, d'honorer la combattante de la liberté.

Notes:

Schwarz-Bart (André), La mulâtresse Solitude, Paris, éd. du Seuil, 1972.

Lacour Auguste, Histoire de la Guadeloupe 1798 à 1803, tome 3, page 311, Impr. du gouvernement; Basse-Terre (Guadeloupe), 1837-1858 . https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56469h/f323.item.zoom